Boule rouge, boule bleue

Dans un éclair de lucidité, Isil comprit tout, ou presque. Shao, en tout amour et en toute innocence, avait tenté quelque chose -elle ne savait pas quoi- sur Reï et il lui était arrivé quelque chose. Depuis, elle était tombée malade, mais sûrement pas pour la même raison. Non, son frère ne pouvait pas avoir provoqué quelque chose de pareil... Elle avait confiance en lui.

"- c.. c-on... f-fi... an...'onf-fi...an.. ce"

Ce qui signifiait évidemment "confiance". "J'ai confiance en toi, mon frère. Ne te leurre pas ainsi, jamais tu n'aurais pu faire quelque chose de pareil à grand-mère. Jamais".

Shao regarda Isil une brève seconde. Confiance? C'était quoi la confiance? Laisser un autre dire de belles paroles? Laisser les autres faire ce que seul on doit faire? Non, il ne pouvait pas laisser d'autres avoir ce problème qui était le sien. C'était à lui de s'occuper de ça. Il devait aller voir Reïna, savoir... savoir si celle disait que c'était de sa faute... ou si c'était le simple hasard...

Shao alla au bord du lit. Il regarda. C'était haut! Mais le drap ne collait pas au matelas... il glissa et tomba sur la plancher dans un bruit sourd. Le bébé émit un long cri perçant, de douleur. Ça fait maaaal!

Isil regarda son frère, perdu, qui essayait de descendre du lit. Quelle était cette drôle d'idée ? Confuse, la petite suivit au bord du lit le petit Shao. Il s'écrasa dans un bruit sourd sur le plancher. Elle grinça des dents pour lui. Aïe... Elle n'aurait jamais osé faire ça, elle. Son frère grimaça de douleur et cria longuement. Mais Isil ne pouvait rien pour lui. Elle se mordit juste les lèvres et l'encouragea en télépathie XD.

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Ailleurs, Reï se reposait. Ouch... Sa maladie l'affaiblissait tant. C'était tellement pénible. À chaque mouvement, elle frémissait de douleur. Alors, elle ne quittait pas son lit. Heureusement, Arianca avait pensé à tout et lui avait apporté de quoi lire. Heureusement. Mais elle manquait tant de divertissements....

Shao avait si mal, il resta là un moment sans bouger. Avant de rouler sur lui-même pour se mettre sur ses pattes et marche maladroitement vers la porte qu'il se mit à griffer dans l'espoir que l'on ouvre avant qu'il ne voit comme un trou carré... il pouvait passer par là...

Shao se glissa par l'ouverture et commença à chercher l'Odeur de Reïna pour la rerouver. Où elle était sa mamie? Il crut avoir trouvé. Le bébé arrive devant une porte, Dieu que c'était grand une porte!, et commença à la griffer pour qu'on lui ouvre.

Reïna laissa tomber son bouquin à côté de son lit. Non. Elle avait déjà lu, relu et rerelu ce passage 3 fois, en fait. Pas moyen de se concentrer. Le livre tomba sur le sol avec un bruit mat. Elle ferma les yeux. Une goutte de sueur perla sur son front. Elle chutait, la maladie revenait. Juste quand elle allait sombrer dans l'inconscience, elle entendit quelque chose... Un petit grattement. Elle tendit l'oreille. Oui, quelque chose grattait à sa porte... Comme si c'était pas assez... L'aïsha magicienne tira ses couvertures, se leva d'un pas hésitant et, chancelante, alla vers la porte. Elle l'ouvrit et découvrit sur le pas de la porte le minuscule Shao qui, de ses grands yeux, la regardait.

On ouvrait la porte. Mais aussitôt il regretta de s'être déplacé. Reïna semblait encore plus maladive qu'avant. C'était de sa faute. Tout était de sa faute... si Reïna était comme ça. Le bébé sentit les larmes couler sur ses joues qu'il puisse les arrêter, il baissa les yeux. Il avait encore gaffé. Il gaffait tout le temps fallait croire. Shao s'approcha de la robe de Reïna et s'y accrocha, versant toutes les larmes qu'il pouvait. Il était si désolé de lui faire si mal... il était si triste de voir ce qu'il lui avait fait...

Reïna fronça les sourcils. Pourquoi Shao s'accrochait-il à sa robe et pleurait à chaudes larmes ? L'aïsha se pencha - non sans mal - et cueillit le petit Zafara accroché au tissu. Elle le prit dans ses bras. Mais pourquoi était-il venu la voir ? Était-il venu seul ? (coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite, conclusion : oui, il était venu seul..) C'était incroyable... Si petit... Quel âge, maintenant ? Deux mois ? Oui, deux mois. Elle se demandait ce qu'il pouvait bien avoir sur la conscience pour être comme ça.

Reï, toujours le petit dans les bras, s'approcha de son lit et s'assit, toujours le petit dans ses maigres bras. Elle le berça un instant, fixant son pelage plus bleu que nature. Comme Idril, fut-elle tentée de penser. Il tenait vraiment de sa mère, sans aucuns doutes. Mais.. Qu'avait-il donc ?

Peut-être qu'il valait mieux retourner voir Isil. Reïna ne souffrirait pas plus comme en ce moment. Mais elle le prenait déjà dans ses bras, il ne pouvait plus s'en aller, elle l'emmenait dans son lit, sur elle. S'accrochant toujours, il trempait la robe de la magicienne. Elle le flattait. Mais ce n'était pas doux et rassurant depuis longtemps.

"Ma-ie... ma-a-e...."

Le bébé baissa honteusement la tête. Oui malade. À cause de lui...

Reï pencha la tête, sourcils froncés. Que voulait-il dire ? Et depuis quand un petit bébé de deux mois savait-il parler ? C'était incroyable, se dit-elle. Shao devait vraiment avoir un but précis pour être parvenu à : 1) descendre du lit familial, 2) trouver sa chambre, 3) faire assez de bruit pour qu'elle comprenne qu'il était là. Un vigoureux Zafara. Quoique... Vigoureux, d'apparence, il ne semblait pas. Son poil, tout terni, avait de tristes reflets gris. Ses yeux avaient perdu leur éclat. Ses oreilles pendaient lamentablement d'un côté à l'autre de sa tête.

"Ma-ie"... Déjà, ça voulait dire mamie, déduit-elle. Et le reste ? "ma-a-e"... Ca pouvait signifier beaucoup de choses. Quoique.... Pas tellement.

Descendre du lit avec un mal de dos persistant qui gênait ses mouvements quand il devait le bouger. Le bébé fit son possible pour le bouger le moins possible mais quand Reïna le prenait ou le bougeait elle, il souffrait quand même.

"Ma-a-e..."

Shao leva sa petite patte jusquà sa bouche puis il pointa Reïna. Malade... Malade Mamie Reïna...

Peu à peu, Reï commença à comprendre. Sa bouche... M-a-e... Vomissements... Malade... Non... Shao ne... Ne pensait tout de même pas... C'était absurde...Non... Ce n'était pas du tout de la faute de Shao si elle avait été malade.. Les vomissements n'avaient rien provoqué de tel. Reï fixa le petit animal qui la regardait avec honte. Le pauvre petit... Mais comment le rassurer ? Ca llaiat être dur. Très dur... Elle avait été malade car elle avait attrapé un virus ou quelque chose pendant le voyage, ou bien à cause du manque de sommeil. Shao n'y était pour rien... Les petites filles comme Reï, ça attrape facilement des maladies. Les béébs comme Shao aussi. Mais là c'étazit une déprime. Sérieusement.

"Ma-mie ma-a-e!", cria Shao cette fois avant de se laisser tomber sur son arrière-train, regardant le drap, l'inondant de larmes.

C'était sa faute ce qui était arrivé! Ça ne pouvait être que sa faute! Comment pourrait-il en être autrement? Il émit un petit cri perçant, avant de regarder Reîna. Il était désolé. Il était si désolé. Il en avait perdu le sommeil et l'appétit, il ne voulait plus jouer depuis. Il se laissait faire sans protester, contre tout. Même qu'il avait perdu beaucoup de poids pour son âge.

Reïna soupira longuement puis, subitement, attrapa le petit dans ses mains et le leva à la hauteur de son visage. Elle dit alors, rassemblant tout le sérieux qu'elle pouvait avoir pour une fillette de douze printemps :

"- Shao... Tu n'es responsable en rien en ce qui m'est arrivé. Rien du tout. Je t'aime, j'aime Isil, j'aime ton papa et ta maman, ainsi que ton autre grand-mère. Je suis tombée malade, c'est tout. Tu as vomi, comme la plupart des bébés, cela n'a rien changé du tout. Rien du tout, souviens-t'en."

Aïe aïe aïe son dos! Shao serra les dents pour ne pas montrer qu'il avait mal quand Reïna le souleva à la hauteur pour lui parler. Vu le ton qu'elle prenait, il cru qu'elle voulait le gronder pour tout mais ses yeux étaients doux. Elle ne le grondait pas. Tout ces mots c'était pour lui expliquer? C'était pas sa faute alors? Il avait rien à voir avec tout ça? C'était juste le hasard qui avait fait tout ça. Shao regarda Reïna dans le blanc des yeux. C'était vrai ce qu'elle disait? Le bébé approcha sa têteet tendit son cou pour donner une léchouille à Reïna, sur le bout du nez, se faire pardonner.

Pas besoin de se faire pardonner, c'était tout fait pour Reïna. La jeune aïsha gloussa et reposa le bébé doucement sur le sol - ne lui provoquant aucune douleur - et gloussa de plus belle quand il se nicha dans son bras. Oh.. Ce petit Shao. Il semblait reprendre du poil de la bête (et c'était le cas de le dire) à vue d'oeil. Son pelage semblait moins terne et plus brillant, tandis qu'une petite lueur de joie luisait dans ses grands yeux de bébé. Adorable.

Pas de soucis, maintenant. Plus de secrets... Tout était tellement beau comme ça. Tellement mieux, se dit Reï. Maintenant, confiance et paix régnerait... Et Isil, elle devait se sentir seule sans son frère ? Il était peut-être temps de le ramener. Peut-être. Peut-être voulait-elle passer un peu plus de temps avec son petit-fils...

Il était pardonné... c'était pas sa faute... Shao se fit déposer sur le lit mais aussitôt il se mit à ramper pour aller dans les bras de Reïna et y rester un peu tant on y était bien. Il avait rien fait de mal... Il était si content, si heureux qu'il sentait à nouveau la faim... qu'il entendit aussi, et Reïna peut-être. Il se tortillait pour être confortable et ne pas trop avoir mal, c'était comme une douleur lancinante qui va et qui revient sans cesse. Il se mit à sucer son pouce, fixant sa grand-mère de ses grands yeux bleus. Il était bien avec elle. C'était si doux... c'était Mamie...

Oh ! Il devait avoir faim à présent. Sûrement, se dit-elle. Elle se leva prestement et alla chercher une boîte en fer qui reposait quelque part dans un tiroir. Elle le sortirt et revint s'asseoir près de la petite boule bleue qui lui servait de petit fils. Elle l'ouvrit doucement et dedans ; un trésor.
Une trentaine de biscuits, mi-chocolat mi-biscuits reposaient là, sagement. Un vrai délice pour tout enfant. Mais ce nétaitr pas tout... Aussi, un biberon de lait. Bien rempli, délicieux, alléchant pour tout bébé.

Reï en attrapa un, le lécha langoureusement - comme elle le faisait toujours - puis enfourna le biscuit déchocolaté qui restait dans sa bouche.. Un délice. Elle ferma les yeux, posa sa main sur le poil doux de Shao et le caressa longuement. À lui de se servir de lait s'il le voulait.

Shao regarda Reïna se lever et aller chercher quelque chose plus loin. C'était quoi? Ah un truc comme ça? Mais y'avait des tas de choses dedans aussi! Même un biberon tout plein et tout chaud! Shao se hissa sur le jambes de Reïna pour aller attraper le lait, au risque de renverser le boîte, pour aller têter. Il tira le biberon et le tint avec ses quatre quenottes pour téter tout doucement, ronronnant. Ça faisait du bien là... il recommençait à boire comme un bébé bien normal. Quand il terminé le bbiberon il s'approcha des biscuits et en prit un, trop grand pour sa petite bouche, qu'il suçota avec plaisir. C'était quoi ça?

Reï gloussa encore un peu quand le petit Shao attrapa avec ses minuscules paluches le biscuit et qu'il l'enfourna dans sa bouche. Deux mois et il mangeait déjà ! Incroyable aussi. La jeune magicienne était émerveillée par tout ce que pouvait faire son petit fils. C'était.. Merveilleux, oui. Pas d'autre mot.

"- Shao... C'est un biscuit. ^^"

Elle en prit un autre puis, voyant qu'ils avaient tous les deux fini leurs "butins" (enfin, façon de parler, pour Shao il restait un bout de biscuit informe et lisse, que Reï jugea bon de jeter dans la corbbeille car il n'allait pas en suçoter plus) il était bientôt temps de rompre ce "sweet moment" et de rejoindre Isil.

Ça avait un drôle de goût cette chose. Très différent du lait de Maman. Mais c'était vraiment bon! S'il aurait l'âge d'en manger des tonnes aussi! Le bambin regarda Reïna qui terminait les sien avant de lui prendre son biscuit et delejet, tas de pâte sans gout et tout poisseux de salive de bébé. Langue sortie, le petit regardait la magicienne.

Après quelque dérangements d'estomac, Shao eut un rot bruyant qui témoignait de sa bonne digestion.

Oh... Décidément, les rots devenaient une habitude (ou presque) XD. Reï sourit. Ce n'était pas ce rototo de rien du tout qui allait la rendre malade. Ni un vomissement d'ailleurs. Loin de là. Elle esquissa un autre sourire puis prit délicatement la boule de poils dans ses bras et se leva - avec un peu de difficulté quand même. Elle arriva à la porte, l'ouvrit, toujours Shao dans les bras, sortit dans le hall puis avança à petits pas dans le couloir.

Arrivés devant la porte de la chambre d'Idril et Nolan, la jeune magicienne prit une grande bouffée d'air puis l'ouvrit. Dès ce moment, des petits jappements joyeux arrivèrent à ses oreilles, provenant du lit. Isil était là. Reï sourit de toutes ses forces - troiisème sourire du post XD - puis alla près de la boule de poils rouge.

Shao se laissa prendre par Reïna en gazouillant, mille fois plus bavard que pendant ce deux mois de silence chez lui. Il regoûtait à la joie de vivre et ça faisait du bien. C'était bon de se faire porter comme ses pattes ne pouvaient pas encore le porter aussi longtemps que lui et Isil le souhaitaient. Un peu de repos. Quand la porte fut ouverte, il entendit les cris de sa petite soeur. Une fois Reïna assise sur le lit, Shao se mit à sucer son pouce, les yeux mi-clos, ronronnant toujours, agitant mollement la queue. Enfin heureux, enfin serein.

Isil se rua sur les genoux de Reïna. "Mamie Reïna ! Cela faisait si longtemps qu'on ne l'avait pas vue !" songea-t-elle. Elle jappait encore, c'était à la limite si elle ne ronronnait pas. Elle se nicha dans les plis de la robe, au niveau du ventre, et agita sa tête, ce qui provoqua des chatouillements pour l'aïsha et elle rit de bon coeur. Oh, quel bon moment ! Elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais encore jamais vraiment passé de moment seule-à-seule avec sa boule de poils bleue de petit-fils et sa boule de poils rouge de petite-fille. C'était un pur moment de plaisir, un de ceux qu'on voudrait qu'ils durent jsqu'à la fin des temps.

Shao était d'ordinare un bébé calme. Il ne cherchait pas la bagarre. Mais cette fois... le bébé alla sur le lit pour s'approcher de sa petite soeur et lui sauter dessus, sans griffes ni dents, juste lui faire un sursaut, lui faire voir qu'il souriait, qu'il était heureux... qu'il n'était plus triste. Il se colla contre ell en ronronnant pour lui faire un calin et être avec elles.

Isil, agréablement surprise, donna un coup de patte amical sur la tête de son frère, et jappa joyeusement. Oh, quel bonheur ! Son frère avait retrouvé le sourire ! Quand, comment, pourquoi ? Elle tardait de le savoir. Elle était très curieuse. Cela faisait partie de sa nature... Mais, elle décida de laisser de côté ce petit défaut et s'adonna pleinement aux activités naïves avec sa grand-mère et son cher frère.

Il faisait beau dehors, quelques rayons de soleil perçaient les nuages gris qui s'étaient accumulés durant la nuit. Comme la déprime de Shao, ils avaient empli le ciel de tristesse, et, maintenant, enfin, ils se dégageaient et laissaient apercevoir le soleil qui était prisonnier de ces nuages d'orage. Tout est bien qui finit bien, en fin de compte.